À une époque où les principes RSE prennent de plus en plus d’importance pour les entreprises, tous secteurs confondus, il nous paraissait opportun de présenter co-labor, dont les activités sont guidées depuis 40 ans maintenant par un engagement exemplaire en matière de durabilité environnementale et sociale.
L’aventure de co-labor a démarré en 1983 avec un premier projet implanté dans le nord du Grand-Duché qui consistait à occuper des chômeurs pour des travaux forestiers, comprenant l’entretien de jardins et d’espaces verts ainsi que des travaux de renaturation.
Après un passage par la route d’Arlon à Luxembourg et l’implantation de quelques sites périphériques, co-labor concentre aujourd’hui l’essentiel de ses activités sur son site de la Grevelsbarrière à Bertrange. C’est là que nous reçoivent Catherine Stronck, directrice générale, et Max Holz, directeur adjoint, pour nous présenter le concept et le fonctionnement de la société coopérative.
Depuis sa création, l’objectif de l’initiative est d’aider des personnes sans emploi à se réinsérer dans la vie professionnelle et sociale. Au fil des décennies, les activités de co-labor dans le domaine de l’horticulture et de l’alimentation biologique se sont diversifiées et s’organisent désormais en 6 secteurs d’activités que nous allons découvrir au cours de notre visite.
Avec pignon sur rue, co-labor MAART est sans doute la « marque »
la plus visible et la plus connue du grand public. Dans ses deux magasins à Bertrange et à Dudelange, un large choix de produits alimentaires portant le label bio, des produits d’hygiène et cosmétiques ainsi qu’un espace jardinerie sont proposés au client. Par ailleurs, les fruits et légumes de la propre production sont également vendus sur les stands de marché avec lesquels les équipes de co-labor jalonnent différents marchés hebdomadaires locaux.
Attenant au magasin, co-labor BISTRO propose une carte de restauration 100% biologique. À côté des plats à déguster sur place ou à emporter, l’équipe de cuisiniers et de pâtissiers propose également un service de traiteur pour des manifestations jusqu’à 100 convives. Il va sans dire que l’équipe de restauration opère aussi la cantine qui accueille le personnel du site.
Actuellement, l’effectif de co-labor compte près de 250 personnes de 30 nationalités différentes, avec une proportion 40:60 de personnel qualifié fixe par rapport aux personnes en insertion. Dans le cadre d’une convention avec le ministère du Travail, l’Agence pour le développement de l’emploi (ADEM) peut placer jusqu’à 92 chômeurs par an auprès de co-labor qui prend en charge aussi bien la formation professionnelle que l’accompagnement social de ces personnes en vue de leur permettre une réinsertion sur le premier marché du travail. La période d’occupation peut aller jusqu’à deux ans, durée pendant laquelle la personne reçoit une formation technique, des cours de langue ou d’informatique, mais aussi une éducation sociale et comportementale. Cette formation peut aussi passer par des stages de max. 6 semaines chez un « véritable patron ». Cette expérience sur le terrain permet alors de familiariser le stagiaire avec le vrai monde du travail, ou même, dans le meilleur des cas, se solder par un emploi fixe.
À côté du ministère du Travail, l’arrivée au sein des équipes de co-labor peut également se faire par l’intermédiaire du ministère de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l’Accueil. Dans ce cas, il s’agit de personnes éloignées du marché de l’emploi qui perçoivent le revenu d’inclusion sociale et qui ont avant tout besoin d’un accompagnement psycho-social.
Combiner l’insertion par le travail avec une approche écologique et durable prévaut aussi dans la section co-labor GRÉNGE KUERF, qui propose la livraison de différents paniers de fruits et de légumes biologiques aussi bien à des particuliers qu’à des entreprises.
Dès 7 heures du matin et tout au long de l’année, une dizaine de personnes se relayent pour composer les différents assortiments selon la saison, qui comprennent en général 40% de fruits et légumes de production propre, et en assurer le transport.
Pour approvisionner ses points de vente, la restauration et le Grénge Kuerf, les équipes de co-labor GAART cultivent près de 10 hectares de terre à travers le pays pour une production maraichère et fruitière, résolument biologique sans pesticides et favorisant la biodiversité. Dommage qu’à notre visite en janvier le climat ne soit propice qu’à un grand champ de salades !
Notre parcours nous conduit ensuite vers les activités de jardinage, de renaturation et de travail du bois, qui étaient à l’origine de l’initiative et sont regroupées sous l’enseigne co-labor NATUR. Ces 40 dernières années, les équipes de co-labor se sont spécialisées dans l’aménagement et l’entretien d’espaces verts – taille et tonte, plantation de haies, de massifs, création de prairies fleuries -, dans la restauration de la biodiversité et du verdissage urbain et scolaire ainsi que dans la gestion forestière. Ces services, qui représentent la part d’activité la plus importante de la coopérative, s’adressent aussi bien à des particuliers, à des syndics de résidences qu’à des clients publics, comme des communes ou autres collectivités. Le responsable de la section tient à préciser que pour chaque sortie ou mission la personne en insertion est accompagnée par un professionnel qualifié qui lui enseigne les bons gestes et le savoir-faire. Depuis 2017, un atelier de menuiserie permet la fabrication de clôtures en bois, d’écrans pare-vue, d’abris de jardins, de bacs potagers sur mesure et autres objets en bois personnalisés. Par ailleurs, les véhicules, machines et outils des équipes sont entretenus, voire réparés dans un propre garage. Chez co-labor, on peut dire que tout est centralisé.
« Comme pour les autres activités, il est essentiel de dispenser aux personnes que nous occupons dans cette section, la formation adéquate, qu’il s’agisse de la manipulation des outils et machines ou de l’utilisation des EPI », insiste Catherine Stronck. Or, le rôle et la responsabilité du formateur dans cette tâche est immense. Face à une communauté de personnes souvent vulnérables et venant d’horizons très variés, le formateur, au-delà de ses connaissances techniques, doit être bon psychologue et savoir gérer des situations parfois tendues. Même si le suivi à long terme est difficile, 34% des personnes qui passent par co-labor réussissent à trouver un premier emploi. Un succès encourageant !
L’engagement de co-labor pour l’homme et pour la nature se reflète aussi dans la dernière activité en date ajoutée à la panoplie des projets : co-labor GAÏA. Que ce soit dans le jardin pédagogique à Bertrange, en ateliers intérieurs ou à l’extérieur du site, des animateurs sont formés pour accueillir de jeunes élèves et leur faire découvrir la nature par des activités ludiques. À côté de cette éducation écologique, la même structure peut accueillir des fêtes d’anniversaire, fêtes d’entreprises ou séminaires de teambuilding avec des programmes adaptés au cas par cas.
Finalement, Catherine Stronck annonce le lancement imminent d’un atelier thérapeutique soutenu par le ministère de la Santé et de la Sécurité sociale. Il s’agira de contribuer à la réhabilitation psycho-sociale de personnes qui vivent avec une maladie psychiatrique. Il va sans dire que cette structure nécessite un encadrement professionnel particulier. D’ores et déjà, la demande est très grande.
L’approche d’une économie sociale et solidaire se trouve ainsi déclinée à tous les secteurs d’activité de co-labor. Les différentes initiatives s’intègrent en fin de compte en un projet global et cohérent qui mérite d’être connu des entreprises – que ce soit en tant qu’entreprises-clientes de produits respectueux de l’environnement ou en tant qu’entreprises prêtes à accueillir des salariés en insertion en stage ou en emploi fixe.